La grande épreuve de la maladie et la mort du Prophète Muhammad

 La grande épreuve de la maladie et la mort du Prophète Muhammad

La grande épreuve de la maladie et la mort du Prophète Muhammad  

 

 

Par l’Imâm Al-Qadî 'Iyyâd
 

 
En l’an XI de l’Hégire, le père de Fâtima -qu’Allâh l’agrée- se plaignit d’un mal qui le faisait souffrir. Les membres de la Maison et les musulmans pensaient que ce n’était qu’un mauvais moment à passer et, ensuite, tout rentrerait dans l’ordre. Personne ne se doutait que cette maladie allait l’entraîner vers la mort. Mais Fâtima -qu’Allâh l’agrée- sentit qu’un incendie brûlait son cœur. Elle se rappela le moment où elle se rendit chez son père -sallâ l-Lahû ‘aleyhi wa sallâm- qui se trouvait dans la chambre de ‘Aïsha -qu’Allâh l’agrée-. Après que son père -sallâ l-Lahû ‘aleyhi wa sallâm-, affaibli par sa maladie, l’embrassa et la fit asseoir à sa droite, il -sallâ l-Lahû ‘aleyhi wa sallâm- lui fit comprendre que sa vie avait atteint son terme.

Elle -qu’Allâh l’agrée- éclata en sanglots et pour la consoler, il -sallâ l-Lahû ‘aleyhi wa sallâm- lui dit : « Tu seras la première des membres de ma Maison qui me rejoindra dans la tombe. »

Il -sallâ l-Lahû ‘aleyhi wa sallâm- ajouta : « N’accepterais-tu pas d’être la Sayyida de cette Communauté ? »
 
Fâtima -qu’Allâh l’agrée- sourit et rit même de cette nouvelle. ‘Aïsha -qu’Allâh l’agrée-, qui rapporta cette scène, dit qu’elle n’avait jamais vu une joie aussi proche de la tristesse. Elle demanda à Fâtima -qu’Allâh l’agrée- la raison de ce changement brusque d’humeur. Celle-ci lui avait répondu sur le moment qu’elle ne pouvait pas dévoiler un secret que le Prophète -sallâ l-Lahû ‘aleyhi wa sallâm- lui dévoilait. Après quoi, elle se rendit chez elle, tranquillisée de l’amélioration de la santé de son père.
 
Quelques jours après, elle apprit que la maladie de son père -sallâ l-Lahû ‘aleyhi wa sallâm- empira. La peur se mêla à l’angoisse. Aussi se précipita-t-elle chez lui, sentant une douleur au cœur, comme si cet organe allait se détacher de sa poitrine et tomber par terre. En arrivant, elle l’aperçut, armé de résistance, allant d’une de ses épouses à l’autre -qu’Allâh les agrée- jusqu’au moment où il arriva le tour de Maymouna -qu’Allâh l’agrée-. Il demanda à cette dernière de demeurer chez ‘Aïsha -qu’Allâh l’agrée- pendant la période de sa maladie.
 
De son côté, Fâtima -qu’Allâh l’agrée- entoura son père de toute son attention ne cessant pas d’implorer Allâh de renforcer son courage et sa patience.
 
Fâtima -qu’Allâh l’agrée- sentit que l’état de son père empirait quand elle le vit prendre de l’eau de sa main et le renverser lentement sur sa tête. Elle l’entendit lui dire de ne pas être triste après sa mort. Quelques temps après, l’Envoyé d’Allâh -sallâ l-Lahû ‘aleyhi wa sallâm- quitta ce monde, les musulmans et les êtres les plus chers de sa famille.
 
Fâtima -qu’Allâh l’agrée- s’évanouit. Elle ne sortit complètement de son évanouissement qu’après le serment d’allégeance prêté à Abû Bakr -qu’Allâh l’agrée-, soit 48 heures après la mort de son père. Elle alla se recueillir sur sa tombe et revint à la maison où elle fut accueillie par Anas Ibn Mâlik -qu’Allâh l’agrée-, le serviteur de l’Envoyé d’Allâh -sallâ l-Lahû ‘aleyhi wa sallâm-. Celui-ci ne pouvait que lui demander de se montrer patiente à la suite de cette perte qui a endeuillé toute la Communauté musulmane.

Elle lui répondit : « Comment ton cœur t’a permis d’abandonner à la terre le cadavre de l’Envoyer d’Allâh ? »
 
Mâlik -qu’Allâh l’agrée- éclata en sanglots. Il ne pouvait pas contenir ses larmes alors qu’il conseillait la patience à d’autres. Entre temps ‘Alî -qu’Allâh l’agrée- arriva et lui fit part que beaucoup de musulmans déclaraient que le califat aurait dû lui revenir. C’est qu’il a été élevé par le Prophète -sallâ l-Lahû ‘aleyhi wa sallâm-. Il était le fils de son oncle paternel et le mari de sa fille. En outre, il y avait dans al-Hassan -qu’Allâh l’agrée- et al-Husayn -qu’Allâh l’agrée- l’odeur du Sceau des envoyés. De plus, il a été le premier des hommes à avoir embrassé l’Islâm. Il a été, de surcroît, de toutes les batailles menées par son beau-père, batailles au cours desquelles, il fit preuve d’un grand courage.
 
Il est également à signaler que lorsqu’en arrivant à Médine, le Prophète -sallâ l-Lahû ‘aleyhi wa sallâm- a donné à chaque Muhâjir un frère parmi les Ansârs. Quant à lui, il a pris ‘Alî -qu’Allâh l’agrée- pour frère. A un moment donné, il a dit, s’adressant à son beau-fils : « Tu es pour moi, ce qu’Aaron était pour Moïse. Et : Toi, tu es de moi, et moi je suis de toi. »
 
Cependant, les décisions s’étaient précipitées. Non seulement, l’Islâm n’avait jamais prescrit que le califat devait être héréditaire, mais il était trop tard pour revenir sur le premier serment d’allégeance accordé à Abû Bakr -qu’Allâh l’agrée-. Ce fut ce que des Compagnons avaient dit à Fâtima -qu’Allâh l’agrée- : « Ô fille de l’Envoyé d’Allâh ! Notre serment d’allégeance a été donné à Abû Bakr -qu’Allâh l’agrée-. Si ton mari, fils de ton oncle paternel, s’était présenté plus tôt à nous, nous n’aurions pas préféré un autre à lui. »
 
Mais ‘Alî -qu’Allâh l’agrée- avait répondu à cet argument : « Devais-je abandonner l’Envoyer d’Allâh -sallâ l-Lahû ‘aleyhi wa sallâm- dans sa maison sans l’enterrer et sortir pour disputer le pouvoir à d’autres ? »
 
Abû Bakr -qu’Allâh l’agrée- demanda à ‘Umar -qu’Allâh l’agrée- de l’accompagner chez Fâtima -qu’Allâh l’agrée- afin de la convaincre d’accepter le fait accompli, d’autant plus, qu’en sa qualité de premier calife de l’Islâm, il lui avait refusé d’hériter de son père, partant du principe qu’on n’hérite pas des prophètes. Arrivé sur les lieux, Abû Bakr -qu’Allâh l’agrée- prit la parole en disant : « Ô bien aimé de l’Envoyé d’Allâh ! Par Allâh ! Ta parenté à l’Envoyé d’Allâh est meilleure, pour moi, que ma parenté. Mon affection pour toi est plus forte que celle que je porte à ma fille ‘Aïsha -qu’Allâh l’agrée-. Le jour où ton père est mort, j’aurais aimé mourir ce jour-là et ne pas rester en vie après lui. Je reconnais ton mérite et ta dignité. Si je t’ai privé d’hériter de l’Envoyer d’Allâh -sallâ l-Lahû ‘aleyhi wa sallâm-, c’est parce que je l’ai entendu dire, parlant des prophètes : « Personne n’hérite de nous. Ce que nous possédons doit être distribué en aumônes ». »
 
Il ne semble pas que les historiens aient mentionnée que Fâtima -qu’Allâh l’agrée- s’efforça par la suite à revendiquer ce qui lui apparaissait comme son bien. Par contre, ils signalent qu’elle s’isola dans sa tristesse et son deuil, pleurant la mort de son père. Il ne lui restait plus qu’à le rejoindre ainsi qu’il le lui avait annoncé quelques temps avant d’aller à la rencontre de son Créateur.
 
Ce fut ainsi que le lundi, le deuxième jour du mois de ramadân, an XI, Fâtima -qu’Allâh l’agrée- embrassa les membres de sa famille, emplissant ses yeux de larmes chaudes. Puis, elle appela Umm Râfi’ -qu’Allâh l’agrée-, la protégée de son père et lui dit, d’une voix basse, à peine perceptible, de lui préparer de l’eau. Elle se lava ainsi qu’elle le faisait elle-même auparavant, vêtit des habits neufs, remplaçant ceux du deuil qu’elle portait, puis elle dit à Umm Râfi’ -qu’Allâh l’agrée- de poser sa literie au milieu de la chambre. Elle s’allongea, ferma les yeux et s’endromit. Ce fut ainsi qu’elle mourut.
 
 ‘Alî -qu’Allâh l’agrée- l’ensevelit en pleurant et l’enterra dans le cimetière al-Bâqî’. Il lui fit ses adieux et retourna, l’air abattu, dans cette maison devenue lugubre depuis la disparition de son épouse.
 
Ainsi les événements du monde évoluent et changent mais Fâtima, -qu’Allâh l’agrée- « la mère de son père », remplit encore la vie à travers ses enfants et la famille de l’Envoyé d’Allâh -sallâ l-Lahû ‘aleyhi wa sallâm-.
 
 
Source : Ash-Shifâ’ bita’rif Huqûqi al-Mustafâ.