Lettre à mon fils

 Lettre à mon fils.

Lettre à mon fils…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ibn Al Jawziy
 
Introduction


Louange à Allah, qui a créé de terre, Adam, le père de l'humanité, puis en a extrait   sa descendance d'entre ses reins et ses côtes. Il  nous a fait don de la connaissance et de la capacité à  reconnaitre ce  qui  est  juste. Il  nous a accordé une bonne éducation durant notre enfance, et une excellente mémoire à notre adolescence. Il nous a gratifiés d'une descendance en laquelle nous espérons une rétribution sans limites.

« Seigneur,  fais  que  je  sois  de  ceux  qui accomplissent la prière, ainsi que ma descendance. Seigneur,    accepte    nos    invocations.   Seigneur, pardonne-moi le jour des comptes, ainsi qu'à mes parents et à tous les croyants. »
[Sourate 14 - Versets 40-41]

Cela dit, lorsque j'ai pu découvrir l'importance du mariage et le mérite des enfants, j'ai fini par demander à Allah  de me faire grâce de dix enfants. Ma demande fut  exaucée. J'eus   cinq garçons et cinq filles. Deux des filles sont mortes, et des garçons, seul Abû al-Qasîm a survécu. J'ai donc demandé à Allah  le Tout-Puissant d'en faire  pour moi un héritier pieux en qui je puisse placer mon espoir et obtenir la réussite.

Après avoir remarqué en lui un certain manque de sérieux vis-à-vis de l'étude des sciences religieuses, j'ai fini par rédiger cette lettre en son intention, où je l'exhorte à étudier la science, l'encourage à adopter ma conduite dans son acquisition, et lui apprends à se réfugier, en cas de nécessité, auprès de Celui qui assiste (à Lui la pureté), tout en sachant  que   personne ne peut connaître la défection lorsqu'Il l'assiste, ou être guidé lorsqu'Il l'égare.

Allah dit :

« Qui se recommandent la vérité et la patience »
[Sourate 103 - Verset 3]

Il dit également :

« Et rappelle, car le rappel est profitable. »
[Sourate 87 - Verset 9]

Il n'y a de puissance, ni de force que par Allah, Élevé au-dessus de toute imperfection.

Sache, mon fils…

Sache, mon fils, puisse Allah t'assister, que l'être humain ne peut discerner les choses au moyen de la raison que lorsqu'il se conforme aux exigences de celle-ci. Fais donc appel à ta raison, réfléchis bien et sois attentif. Tu sauras avec preuve que tu as été créé et chargé de responsabilités, et que des devoirs t'incombent.

Sache également que deux anges (que le salut soit sur eux) inscrivent tes paroles et tes regards. Les pas qui te mènent au terme de ta vie sont comptés. Ton séjour en ce monde est court. La détention dans la tombe est longue, et le châtiment sera terrible pour avoir  donné   la   préséance aux passions. Où est ce plaisir d'hier ? Il a disparu, ne laissant qu'un regret. Où est ce désir de l'être ? Il lui courbe l'échine et fait trébucher ses pas.

N'est heureux que celui qui a su faire face à ses passions. N'est malheureux que celui qui a donné la préférence à ce bas monde. Considère ce qui est advenu des rois et des ascètes (zuhâd). Où sont les plaisirs des uns et les peines des autres ? Il ne reste plus qu'un agréable souvenir des gens vertueux et des propos désagréables sur les rebelles. C'est comme si  celui  qui  s'est rassasié ne  s'est jamais vraiment rassasié et que celui qui a eu faim n'a jamais vraiment connu la faim.


Il n'y a rien de pire que la négligence des actes méritoires (fadha 'il). L'amour pour le délassement engendre un regret bien plus grand que tous les délices. Sois sur tes gardes et sache que l'accomplissement des devoirs religieux (farâ 'id) puis  le  fait  d'éviter  les  interdits  est  obligatoire. Mais si tu passes outre, ce sera le feu [de l'Enfer].


Apprends également que les actes méritoires sont le but recherché par tout être zélé. Ces actes diffèrent entre eux. Pour certains, ils sont le renoncement aux biens de ce  monde,   pour d'autres, c'est une dévotion. En réalité, les actes méritoires ne sont achevés que par une association de la connaissance et de l'application.

Acquise, l'association porte son  auteur  vers une véritable connaissance du Créateur (à Lui la pureté). Celle-ci engendre en l'être de l'amour et de l'affection pour Allah. Voilà  donc  le  but recherché. La détermination est relative à chaque être, on n'obtient pas toujours ce à quoi on aspire et on ne trouve pas toujours ce que l'on recherche. Cependant, il est du  devoir  de  chacun  de  faire l'effort. Chacun de nous est dirigé vers sa destinée.

La première chose qu'il convient d'étudier, c'est la connaissance d'Allah. Il est certain que celui qui  voit le ciel élevé, la terre abaissée, qui contemple les édifices biens ajustés, en particulier son  propre corps, s'aperçoit qu'il y a nécessairement pour toute œuvre un auteur  et pour tout édifice un édificateur.

Ensuite, il doit examiner les preuves de la véracité du Messager d'Allah -salla Allahou ‘alayhi wa salam-. La plus importante de toutes, c'est le Coran, dont personne n'a jamais réussi à apporter quelque chose d'équivalent.


Lorsque  celui-ci  est  convaincu de l'existence du Créateur, de la véracité du Messager -salla Allahou ‘alayhi wa salam-, il ne lui reste plus qu'à se soumettre à la législation instituée. Cependant, s'il ne le fait pas, cela témoigne de la fragilité de sa foi.


Il lui faut ensuite prendre connaissance des prescriptions (farâ'id), telles que les ablutions, la prière, l'aumône obligatoire (s'il possède des biens), le pèlerinage et tous les devoirs religieux.

Lorsqu'il aura saisi la valeur de ces devoirs et les aura appliqués, il convient à celui qui possède une telle portée d'esprit, de se tourner vers les actes méritoires (fadâ'il).

Il doit en premier lieu s'appliquer à mémoriser le Coran, à étudier son commentaire, puis à étudier les hadîths du Messager d'Allah -salla Allahou ‘alayhi wa salam-, sa vie, celle des compagnons et des savants après eux. On procède du rang le plus haut vers le plus bas, et ainsi de suite...

Il lui faut absolument acquérir, selon le besoin, une certaine connaissance de la grammaire,   ainsi qu'une maitrise d'une partie de la langue arabe, mais aussi la jurisprudence, la prédication, avec toutes les subtilités et les avantages qu'elles offrent.

J'ai établi ci-après dans cette lettre et dans d'autres écrits, une liste d'ouvrages qui, par la grâce d'Allah, te dispense de toutes les œuvres écrites par les anciens. Je t'ai dispensé de toute recherche d'ouvrage et de tout effort d'écriture. Tu ne consacreras d'efforts que pour ces ouvrages.

J'ai appris avec preuve que l'ardeur naquit avec l'être humain. Cependant, certaines ardeurs sont négligées. Lorsqu'elles sont stimulées, elles prédominent.

Lorsque tu ressens en toi  une certaine faiblesse, invoque le Bienfaiteur (Allah), ou même un état  de paresse, réfugie-toi auprès de Celui  qui  assiste. Tu ne peux tirer de profits qu'en Lui étant soumis. Aucun bienfait ne peut t'échapper si ce n'est que par rébellion. Quant au serviteur qui se tourne vers son Seigneur, penses-tu qu'il ne pourra acquérir ce qu'il désire ? Et celui qui, par désobéissance, se détourne d'Allah, penses- tu qu'il puisse accomplir son dessein ?

Mon fils, reconsidère-toi vis-à-vis des lois divines et vois comment tu veilles à ne  pas les transgresser, car celui qui a du respect sera estimé, alors que le négligeant sera délaissé.  Je   vais t'évoquer certaines anecdotes me concernant, peut- être y verras-tu un exemple de persévérance, ou invoqueras-tu pour moi Celui  qui accorde la réussite.


A six ans je fréquentais l'école coranique...


Une grande part des faveurs dont je jouis n'est pas due à un simple acquis personnel, mais à un don du Seigneur. Je me souviens, lorsque j'étais encore un petit enfant, j'avais environ six ans, possédant  une  grande  portée d'esprit,  je fréquentais déjà l'école coranique. Par la suite, il m'a été fait don d'une intelligence dès mon plus jeune âge qui se développa avec le temps. Je ne me souviens pas avoir joué dans la rue avec d'autres enfants, ni d'avoir ri d'un rire déployé. Jusqu'au jour où, vers ma septième année, j'ai commencé à fréquenter la cour de la mosquée, car ce qui m'attirait, ce n'était pas le joueur de tours de gobelets, mais plutôt le savant en matière de Hadîth, qui tenait de longs discours. Quant à moi, je mémorisais son enseignement, que je mettais par écrit dès mon retour à la maison.

J'ai  également eu ce bonheur de connaitre le Shaykh Abû al-Fadl qui m'emmenait voir les savants. J'ai pu assister à l'audience du Musnad ainsi que d'autres œuvres importantes, sans vraiment savoir ce que l'on attendait de moi. Il a veillé à mon assiduité aux audiences jusqu'à l'adolescence. Je me suis attaché au Shaykh Abû al- Fadl jusqu'à sa mort. C'est avec lui que j'ai pu acquérir la science du Hadîth et de sa transmission.

En ce temps-là, les enfants allaient flâner le long du fleuve Tigre, et montaient sur le pont pour contempler le paysage. Je n'étais alors qu'un petit enfant. Je me joignais à ceux qui étudiaient tout en restant discret. Je m'adonnais alors à l'étude. Je fus par la suite inspiré par l'ascétisme, je jeûnais continuellement, et mes usages quotidiens étaient modérés. J'ai fini par aimer les veillées d'études. Je ne me contentais pas d'une seule matière, bien plus ; j'étudiais à la fois la jurisprudence, la prédication, le Hadîth, et, de plus, je me joignais aux ascètes. Par la suite, j'ai étudié la langue arabe. Ni l'anachorète, ni le prédicateur ou autre ne pouvaient  tenir  un  discours  sans  que  je  sois présent à l'assise. Je sélectionnais les actes méritoires.

Lorsque deux possibilités se présentaient à moi, je m'en remettais au plus Juste des justes, Allah. Il  m'a accordé une certaine habileté et une bonne éducation, m'a toujours dirigé vers ce qu'il y a de mieux pour moi et m'a protégé contre tout ennemi, tout envieux, et tous ceux qui pourraient chercher à me duper. Il m'a également prédisposé à l'étude de la science, et me faisait parvenir de l'argent de là où je ne m'y attendais pas. Il m'a doté d'une faculté de jugement, d'une mémorisation rapide et d'une bonne rédaction.

Je n'étais nullement dans le besoin quant aux biens matériels, au contraire, le Seigneur m'en procurait en quantité plus que suffisante. Il prédisposa le cœur des gens à m'accepter plus que de raison et permit à ma parole d'atteindre leurs cœurs, sans jamais douter de sa véracité. Grâce à Lui, j'ai pu convertir environ deux cents personnes. On raconte que plus de cent mille personnes se sont repenties lors des assemblées que je  tenais. Ces assemblées étaient au nombre de vingt mille.

J'allais à la recherche de savants pour l'étude du Hadîth, pas un n'a été oublié, je m'essoufflerais à tous les énumérer en raison du nombre important. Il m'arrivait de me lever le matin sans avoir de quoi manger et le soir, d'aller me coucher sans rien avaler. Allah ne m'a pas rabaissé pour autant en  demandant l'aumône aux gens, bien au contraire, pour préserver ma dignité, Il pourvoyait à ma subsistance.

S'il fallait détailler ma vie, cela aurait été trop long. Et me voilà, regarde où cela a pu me conduire, qui se  résume en  un  mot, qui  est  la  parole d'Allah :

« Craignez Dieu et Il vous enseignera. »
[Sourate 2 - Verset 282]
Mon fils, prends bien garde à toi et regrette le passé.


Mon  fils, prends bien garde à toi et regrette le passé. Pendant qu'il en est encore temps, œuvre afin de rattraper les gens accomplis. Forme-toi pendant que tu es encore jeune. Souviens-toi de toutes ces heures perdues inutilement et qu'elles te servent de leçon. Ces heures que tu as passées à te complaire dans la paresse, laissant s'échapper divers actes de piété. Les ancêtres pieux (salafs) aimaient accumuler tous les actes de piété. Ils  pleuraient lorsqu'un seul leur échappait.


Ibrahîm Ibn Adham a dit : « Nous sommes allés rendre visite à un malade, celui-ci fixait ses pieds et pleurait.

Nous lui dîmes : "Pourquoi pleures-tu ?"  

Il  répondit : "Mes  pieds  n'ont  pas  soulevé  la poussière   dans   la   voie   d'Allah."   

Une   autre personne pleurait, nous lui dîmes alors : "Pourquoi pleures-tu ?"

Elle répondit : "Je pleure pour n'avoir point jeûné le jour qui vient de passer, et pour la nuit qui s'en est allée sans avoir accompli une seule prière." »


Sache, mon fils, que les jours se réduisent à des heures et que les heures, le temps d'un souffle. Il y a pour chaque être un entrepôt, donc prends garde de ne pas passer en ce monde sans n'avoir rien accompli. Tu t'apercevras le jour du jugement que l'entrepôt est vide, et là, tu le regretteras.

Un homme dit à 'Âmir Ibn 'Abd Qays :

« Lève-toi que je puisse te parler. »

Il dit : « Retiens le soleil. (Retiens le temps qui passe trop vite) »

Après avoir appris la nouvelle, les gens ont dit : « Vous voulez donc le faire ? Celui à qui appartient le soleil et qui l'a assujetti n'est pas dupe. » .

Selon un Hadîth : « Celui qui dit : Louange et gloire à Allah, obtiendra un dattier au paradis. »

Vois celui qui perd son temps, combien de dattiers lui ont échappé. Les ancêtres pieux profitaient de chaque instant.

Kahmas clôturait 3 fois la lecture du Coran en un jour et une nuit. Quarante hommes, parmi les salâfs, accomplissaient la prière de l'aurore avec les ablutions du soir.

Râbi'a ne dormait pas la nuit, et au matin, elle s'allongeait pour se reposer un instant, puis se levait brusquement en se disant: « Dans la tombe, le sommeil sera bien assez long. »

Celui qui aurait pu réfléchir sur la vie d'ici-bas, avant même de s'y trouver, celle-ci lui paraîtrait très longue. Lorsqu'il y songera après en être sorti, celle-ci lui semblera très courte et le séjour dans la tombe très long.

Quand il pensera au jour du jugement, il saura que sa durée est de 50.000 ans, et s'il  médite sur le séjour au Paradis ou en Enfer, il saura qu'il n'y a pour cela aucune fin. Cependant, s'il examine la durée de vie qui lui est impartie dans ce monde, - disons que l'on nous a imparti une soixantaine d'années - il s'apercevra qu'il a consacré 30 années de celle-ci au sommeil, 15 années à l'enfance, et lorsque tu fais le compte de ce qu'il te reste, tu t'apercevras qu'une grande partie est consacrée aux passions, à la nourriture et à la recherche des biens matériels. Lorsqu'il en extrait ce qu'il a consacré pour l'au-delà, il s'aperçoit qu'une partie de ses actes n'est autre, pour la plupart, que des actes  d'hypocrisie et d'inconscience. Donc, avec quoi vas-tu acheter la vie éternelle ? Alors que ce sont ces heures qui passent qui en sont le prix.

Toute  cette  négligence  passée  ne  te  procurera aucun bien. Bon nombre de gens ont eu un regain de conscience après une période d'inconscience et d'inactivité. Shaykh Abû al-Hâkim me raconta ce que le juge parmi les juges, Abû al-Hassan Al Jmighânî, lui dit:

« Durant ma jeunesse, j'étais occupé à  ne rien faire, n'étant pas intéressé par l'étude de la science, voilà qu'Abû 'Ubayd me fit venir et me dit :

" Mon fils, je ne serai pas toujours à ta disposition. Alors prends 20 dinars, ouvre une boulangerie et subviens à tes besoins."

Je lui répondis : "Pourquoi  ces  paroles ?"

Il  ajouta : " Ouvre une épicerie."

Je lui dis: "Faire cela alors que je suis le fils du juge parmi les juges."

Il répondit: "Je vois que tu n'aimes pas la science [religieuse]."

Je lui dis : "Fais moi un sermon sur-le-champ." Ce qu'il  fit.  Je  finis donc par  reprendre l'étude des sciences. »

Quelques proches d'Abû Muhammad al-Hulwânî m'ont raconté que ce dernier a dit :

« Mon père décéda  alors  que  j'avais  21  ans.  J'étais complètement inactif. Je me rendis un jour auprès des locataires de la maison dont j'avais hérité pour percevoir le loyer. Soudain, je les entendis murmurer :

"Voilà le percepteur !"

Je me suis dit : "C'est là l'opinion qu'ont les gens de moi ?"

Je me rendis chez ma mère pour lui dire: "Dorénavant, si tu demandes après moi, adresse-toi à la mosquée de  Shaykh al-Khattâb."

Depuis, je  ne  l'ai  jamais quitté jusqu'au jour où j'ai obtenu la fonction de juge, que j'ai exercée durant une certaine période. Je (Ibn al Jawzî) l'ai aperçu moi-même prononcer des fatwas, superviser et rédiger. »

Mon  fils,  il  te  faut  être  vigilant  dès  l'aube,  en évitant toute discussion sur les choses d'ici-bas. À cette  heure  de  la  journée, les  ancêtres  pieux  ne discutaient jamais à ce sujet. En telle circonstance, prononce l'invocation suivante :

« Louange à Allah qui nous a fait vivre après nous avoir fait mourir et c'est vers Lui que se fera le rassemblement. Louange à  Celui qui  retient le ciel afin qu'il ne tombe sur la terre si ce n'est par Sa permission. Certes Allah est Bon et Miséricordieux avec les êtres. »

Ensuite, fais tes ablutions et accomplis la prière de l'aube (sunna), puis, en toute humilité, rends-toi à la mosquée et durant ton trajet, récite ceci :

« Mon Dieu, je T'invoque selon le droit accordé à tous ceux qui T'invoquent et d'après cette marche qui me mène à toi. Je  ne  sors  pas  avec  le  mal  en  moi,  ni  avec arrogance, ni même par hypocrisie ou avec l'intention d'acquérir une réputation. Je sors craignant Ta colère et recherchant Ta satisfaction. Je Te demande de me préserver du feu et de me pardonner mes péchés, Tu es le seul à pardonner les péchés »

Puis, rejoins l'imâm [pour accomplir la prière en assemblée] et lorsque tu auras terminé, prononce 10 fois :

« Il n'y a de divinité qu'Allah seul, Il n'a pas d'associé, Il possède la création, à Lui les louanges. Il a le pouvoir sur toute chose. »

Puis dis 10 fois:

« Subhân Allah, al-Hamdu lillahi, et Allahu Akbar. »

Ensuite, demande à Allah d'accepter ta  prière  et  si  cela  t'est  possible, assieds-toi  et évoque ton Seigneur  et ce, jusqu'au lever du soleil. Il ne te restera qu'à accomplir une prière surérogatoire et te retirer.

Consacre-toi ensuite aux sciences qui te sont accessibles.

La plus importante est le perfectionnement du Coran, puis la jurisprudence. Lorsque le soleil est déjà  élevé à l'horizon, accomplis 8 rak'ats' et remets-toi à la lecture jusqu'à l'heure de la prière de l'après-midi.

Ensuite, retourne à tes études jusqu'au coucher du soleil (maghrib). Accomplis deux rak'as après le maghrib dans lesquelles tu récites deux parties (juz') du Coran. Quand tu auras accompli la prière du soir, révise tes cours !

Ensuite, mets-toi au lit où tu pratiqueras le tasbîh et le tahmîd 33 fois, et le takbîr 34 fois. Puis récite l'invocation suivante« Seigneur, préserve-moi du feu le jour où tu rassembleras tes serviteurs. »


Il te faut mener une vie retirée, car c'est source de tout bien.


Il te faut mener une vie retirée, car c'est source de tout bien. Tu dois te consacrer en de telles circonstances aux livres et à l'étude sur la vie des gens accomplis. Tu ne dois aborder une science sans avoir au préalable maitriser celle qui précède. Porte un intérêt aux gens accomplis en science et en son application. N'accorde aucune considération aux êtres vils et méprisables.

Sache que la science élève les gens de basses conditions vers la noblesse. Bon nombre de savants ne possèdent ni lignée parentale pouvant être mentionnée, ni bel aspect physique. Le Calife Sulayman Ibn 'Abd al-Mâlik se présenta, en compagnie de ses deux fils, à 'Ata' Ibn Abî Rabab qui était de couleur noire. Il paraissait circonspect. Ils se mirent à le questionner à propos des rites, il leur répondait sans les regarder en face. Sulayman dit à ses deux fils :

« Allons, il ne faut pas renoncer à la science. On ne peut connaitre l'humiliation en présence de cet être. »

AI-Hassan, Ibn Sirîn, Makhûl et bien d'autres étaient des esclaves affranchis. Cependant, ils se sont ennoblis grâce à la science et à la piété.

Tâche, mon fils, de préserver ton honneur en ne succombant pas aux biens terrestres et ne te laisse pas avilir par la vie mondaine. Contente-toi de peu et tu garderas ta dignité. Celui qui se contente de pain et de légumes ne peut être asservi.

Un jour, un campagnard traversa Basra et demanda:

« Qui dirige cette ville ? »

On répondit: « C'est AI-Hassan al-Basri. »

Le campagnard dit: « Qu'est-ce qui lui a permis de parvenir à la tête de ses habitants ? »

On répondit: « C'est parce qu'il dédaigna leur monde matériel et eux ne peuvent se passer de sa science. »

Sache, mon fils, que ton père avait un parent riche à qui il a été légué une grande fortune. Ton père a été pris en charge jusqu'à la puberté. Mais après, il n'eut pour héritage que deux maisons. Il occupa l'une d'elle et loua l'autre. Il fit par la suite don de vingt dinars, mais auparavant, il put s'acheter un certain  nombre  d'ouvrages  de  sciences [religieuses]. Il finit par vendre ses deux maisons pour pouvoir financer ses études jusqu'au jour où il  ne lui  restait  plus rien. Il ne s'humilia pas à chercher sa subsistance, comme ce fut le cas pour d'autres. Il n'a pas non plus parcouru les contrées comme les autres prêcheurs et aucune grande ville n'a remarqué sa stupidité à demander la charité. Il agit avec droiture.

« Pour qui craint Dieu, celui-ci lui accordera une issue [vers la réussite] et le comblera de bienfaits sans qu'il puisse se rendre compte. »
[Sourate 65 - Versets 2-3].


Mon fils, c'est en améliorant la piété que tu connaîtras la prospérité.


Mon fils, c'est en améliorant la piété que tu connaîtras la prospérité. Un être pieux ne cherche pas à se faire remarquer, ni ne s'expose à ce qui peut nuire à sa religion. Celui qui veille à ne pas transgresser les lois d'Allah sera préservé. Le Prophète -salla Allahou ‘alayhi wa salam- dit à Ibn 'Abbâs -qu'Allah l'agrée- : « Ne néglige point [les lois de] Allah et Lui ne te négligera pas ; ne néglige point Allah et tu Le trouveras devant toi. »

Sache, mon fils, que Yûnus (Jonas, sur lui le salut) avait  une  réserve  d'actes  de  piété,  ce  qui  lui  a permis d'éviter la captivité à l'intérieur de la baleine. Allah a dit :

« S'il n'était pas de ceux qui me font les louanges, il aurait sûrement demeuré dans son ventre jusqu'au jour de la résurrection. »
[Sourate 37 - Versets 143-144]

Comme Pharaon n'avait aucune accumulation d'actes vertueux, il n'a pu trouver de secours dans son agonie. On lui dit:

« Maintenant, alors qu'auparavant  tu  étais  rebelle  [au  Seigneur]. »
[Sourate 10 - Verset 91]

Constitue-toi [mon fils], au moyen de la piété, une réserve  de  bonnes  actions,  elles  te  seront profitables plus tard.

On rapporte ceci dans un hadîth « Il n'est pas un seul être qui craigne Allah durant sa jeunesse, sans qu'il soit élevé durant sa vie d'adulte. »

Allah dit à propos de Joseph :

« Et lorsqu'il eut  atteint  sa  maturité,  nous  lui  fîmes  don  de sagesse et de science. C'est ainsi que, nous récompensons les bienfaiteurs. »
[Sourate 12 - Verset 22]

Sache, mon fils, qu'une réserve parfaite serait de faire abstraction de ce qui est déclaré  illicite, d'éviter le bavardage inutile et donner la primauté et l'avantage à Allah sur les passions.

Tu connais le Hadîth des 3 personnes qui se sont réfugiées dans une caverne ; un rocher est venu obstruer l'entrée et le premier d'entre eux dit :

« Seigneur, j'avais à ma charge mes deux parents et mes enfants. Lorsque je leur préparais le lait, je commençais par servir mes parents avant mes enfants. Seigneur, puisque j'ai agi ainsi pour toi, libère-nous. » L'entrée fut dégagée d'un tiers.

Le second prit la parole et dit: « Seigneur, j'avais embauché  un   ouvrier   qui,   mécontent  de   son salaire, me le laissa. J'ai investi pour lui son dû dans le commerce. Un jour, il revint me voir et me dit : ne crains-tu pas Allah ? Je lui répondis : rends- toi à ce troupeau et son berger et emporte tout. Seigneur, puisque j'ai  agi  ainsi  pour Toi, libère- nous. »

Le dernier dit: « Je fus épris de la fille de mon oncle paternel et lorsque je voulus m'en approcher, elle  dit : crains  Allah.  Aussitôt,  je  m'éloignais d'elle. Seigneur, puisque j'ai agi ainsi pour toi, libère-nous. »  

Quelqu'un  a  vu  dans  son  songe  Sufyân  Ath Thawel, on dit à ce dernier -.

« Qu'a fait de toi ton Seigneur ?»

Il répondit: « Après m'avoir installé dans ma tombe, je vis le Seigneur des mondes devant moi. Il ordonna que l'on m'introduise au Paradis. Lorsque je fus au Paradis, j'entendis quelqu'un m'appeler "Sufyân", je répondis : « C'est moi Sufyân. »

Il me dit: « Te rappelles-tu le jour où tu as donné la préférence à Allah sur tes passions ?»  

Je répondis : «Oui... »

Il te faut parfaire ta portée d'esprit car il y a des êtres qui ont voué leur vie à l'ascétisme, d'autres ont été versés dans la science. Un petit nombre de gens a atteint un très haut degré de connaissance ainsi qu'une parfaite application de celle-ci. Après avoir passé en revue tous les gens de la deuxième génération de l'islam, et même ceux qui leur succédèrent, je n'ai pu y trouver plus accompli que les 4 personnes qui sont: Sa'îd Ibn al Musayyib, Sufyan Ath-thawrî, AI-Hassan al-Basri et Ahmad Ibn Hanbal. Ce sont des gens qui possèdent une portée d'esprit bien supérieure à la nôtre.

Un grand nombre parmi nos pieux prédécesseurs (salafs) possédait une portée d'esprit exceptionnelle. Si tu désires t'informer à leur sujet, réfère-toi au  livre  intitulé  Safwat as-safwa ou Akhbâr Sa'îd ou Akhbâr Sufyân ou Akhbar Ahmad Ibn Hanbal. J'ai réalisé un livre  pour chacun d'eux.

Tu sais, ô mon fils, que j'ai écrit une centaine de livres, parmi ceux-ci: At-tafsîr al-kabîr en 20 tomes, At-târîkh en 20 tomes également, Tahdîb al- musnad en 10 tomes et d'autres ouvrages, soit en 3, 4  ou  5  tomes,  ou  plus  ou  moins.  Tu  as  là  une quantité suffisante de livres qui te dispensent de l'emprunt et de l'effort d'écriture.

Tu te dois de mémoriser, car la mémorisation est capitale. Et le comportement est un avantage. Aie donc recours à Allah, et ne néglige pas Ses commandements.

« [...] Si vous soutenez [la religion de] Allah, Il vous assistera [ ] »
[Sourate 47 - Verset 7]

« Souvenez-vous de Moi et Je me souviendrai de vous. »
[Sourate 2 - Verset 152]

« […] Et remplissez Mon pacte ; Je remplirai votre pacte […] »
[Sourate 2 - Verset 40]

Prends garde de ne pas te limiter à la science sans son application, car ceux qui ont rejoint la cour des princes et ceux qui ont porté de l'intérêt au milieu mondain, c'est parce qu'ils ont œuvré sans science. Ils se sont privés de toute bénédiction et de tout profit.

Méfie-toi d'une pratique religieuse sans science, certains  ascètes  ont  quitté  la  voie  droite  parce qu'ils ont œuvré sans science.

Couvre-toi de deux vêtements qui ne doivent pas te procurer, par leur aspect luxueux, une réputation au sein des gens épris de ce monde ou par leur aspect désuet, une réputation au sein de ceux qui ont renoncé aux biens d'ici-bas (zuhâd). Rends-toi des comptes à la moindre parole, au moindre regard et au moindre pas, car tu es en cela responsable. Ce que tu as bénéficié de science profitera aux auditeurs. Lorsque le prédicateur œuvre sans science, sa prédication ne se maintient pas dans les cœurs, telle l'eau qui ne se maintient pas sur les pierres. Tu ne dois exhorter les gens sans intention, ni marcher ou manger sans intention, et si tu jettes un regard sur le comportement  des  ancêtres  pieux,  tu  y retrouverais tout cela.

Réfère-toi au livre Minhâj al-muriîdîn, tu y apprendras les bonnes manières. Fais-en à la fois ton compagnon d'études et ton enseignant.

Jette un regard à l'ouvrage intitulé Sayd al-khâtar (La pensée vigile), tu y trouveras ce qui te permettra de gérer convenablement ta vie religieuse et matérielle.

Mémorise le livre intitulé Jannât an-nathr, il suffit à assimiler la jurisprudence. L'étude du livre Al hadâ'iq te permet de prendre connaissance de l'ensemble des Hadîths. Quant au livre Al- kashshaf, il te dévoilera ce qui est implicite dans les deux recueils authentiques.

Sois un bel exemple pour les gens en menant une vie très retirée, car la retraite est un soulagement contre toute mauvaise fréquentation mais également un chemin vers la décence. Il convient au prédicateur en particulier, de ne pas se faire remarquer par la vulgarité et la turbulence ou de se promener dans les marchés pour une bonne opinion de soi et pour que ses prédications soient profitables.

Mais si tu es contraint à fréquenter les gens, il te faut agir avec indulgence. Si tu venais à découvrir leurs mœurs, tu n'aurais pu les côtoyer.

Tu dois pour chaque chose lui accorder son droit, que ce soit à ton épouse, à tes enfants ou à tes  proches. Vois à quoi ont servi les heures passées. Il te faut, selon tes possibilités, les occuper avec ce qu'il y a de mieux. Fais parvenir à ton entrepôt ce qui te réjouira le jour où tu le retrouveras. Tu te dois d'appréhender l'issue finale, afin de pouvoir patienter tant face aux choses désirables que détestables.

Si tu remarques en toi de l'insouciance, rends-toi au cimetière et rappelle-toi que le grand voyage [vers l'au-delà] est proche. Gère tes dépenses afin de ne pas gaspiller, et pour ne pas dépendre des gens en cas de besoin.


Sache que nous sommes descendants d'Abû Bakr As-siddîq -qu’Allah l’agrée-. Notre grand  père, AI-Qâsîm Ibn Muhammad Ibn Abî Bakr, ainsi que sa biographie, se  trouvent dans le  livre  Safwat  as- Safwa. Nos ancêtres ont toujours été des commerçants,  mais  parmi les  dernières générations, aucun  n'a  été  pourvu d'une  ardeur pour l'étude des sciences religieuses. L'honneur m'en est revenu. Fais en sorte de ne pas décevoir les espoirs que j'ai placés en toi et pour toi.

Je  te  confie à Allah - Loué  soit-Il - et Lui demande de t'assister dans la science et sa mise en pratique.


Voilà ce qui m'a été possible de faire pour toi, en matière de recommandations. Il n'y a de pouvoir, ni  de puissance, si ce n'est par la grâce d'Allah Gloire à Allah, le Seigneur des mondes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

TABLE DES MATIERES

 

 


Introduction_________________________________2

Sache, mon fils_______________________________3

A six ans je fréquentais l'école coranique_________4

Mon fils, prends bien garde à toi et regrette le passé_______________________________________6

Mon fils, c'est en améliorant la piété que tu connaîtras la prospérité_______________________10

Tables des matières__________________________14