Les temps forts de l’histoire islamique (19-23) : Des grandes dynasties de l’Islam à l’arrivée des mongols

Cette nouvelle partie décrit le développement de l’Islam après l’assassinat d’Alî (qu’Allah l’agrée). De la dynastie des Umayyades jusqu’à la défaite des Mongols par les Mamelouks, en passant par l’âge d’or Andalou, nous remarquerons ici les facteurs qui ont contribué à la force des musulmans mais également ceux qui ont poussé à la décadence.

LES TEMPS FORTS DE L’HISTOIRE ISLAMIQUE


ÉCRIT PAR
UN GROUPE D’ENSEIGNANTS DE L’UNIVERSITE  IMAM SAUD A RIYADH



TRADUIT ET ADAPTE PAR
CUMAR ABU CABDILLAH AL-MAGHRIBI

REVU ET CORRIGE PAR
L’EQUIPE ISLAMHOUSE


PUBLIE PAR
Le bureau de prêche de Rabwah (Riyadh)

www.islamhouse.com
L’islam à la portée de tous !
 
1ère édition, 2014/1435

 

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AU NOM D’ALLAH, L’INFINIMENT MISERICORDIEUX, LE TRES MISERICORDIEUX
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Chapitres 19-23 :

Des grandes dynasties de l’islam à l’arrivée des mongols


    LES UMAYYADES
    LES cABBASSIDES
    LES BOUYIDES, LES SELDJOUKIDES & LES ANDALOUS
    LES CROISADES
    LES MONGOLS

Les Umayyades

Après la renonciation d’Al-Hasan Ibn cAlî () en faveur de Mucâwiyah (), ce dernier devint, dès Rabîc Al-Awwal de l’an 41 H., le calife reconnu dans tout l’empire musulman. A partir de cette date commence une nouvelle ère de l’histoire musulmane, celle de la dynastie des Umayyades (ou Omeyyades).
Celle-ci règnera pendant quatre-vingt-onze années, durant lesquelles se succéderont à la fonction suprême quatorze califes. Les plus connus d’entre eux et ceux qui auront eu la plus grande d’influence dans notre histoire islamique sont au nombre de quatre : Mucâwiyah Ibn Abî Sufyân (), cAbdulmalik Ibn Marwân, son fils Al-Walîd et cUmar Ibn cAbdilcAzîz.
L’an 41 de l’Hégire est connu dans l’histoire comme étant l’année de l’union car les Musulmans, après la grande discorde, se sont à nouveau réunis et rassemblés sous l’autorité d’un seul homme, Mucâwiyah Ibn Abî Sufyân (). Ils établiront la ville de Damas comme capitale.
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MUCAWIYAH IBN ABI SUFYAN ()
Né à la Mecque quinze ans avant l’Hégire, il est Mucâwiyah Ibn Abî Sufyân Ibn Sakhr Ibn Harb Ibn Umayyah, le Qourayshite. Il se convertit à l’Islam, le jour de la conquête de la Mecque, à l’âge de vingt-trois ans. Il fut choisi par le Prophète () pour être un de ceux qui écrivent la révélation. Il prendra également part, sous l’ère d’Abû Bakr (),  à la guerre contre les apostats.
Par la suite, cUmar () lui confiera le gouvernorat de Damas, puis le calife cUthmân () le nommera gouverneur de tout le Shâm, dont il restera le responsable jusqu’à la mort de ce dernier. Ensuite, il refusera de prêter serment au quatrième calife cAlî (), qu’il accusera de laxisme au sujet de l’assassinat de cUthmân ().
Mucâwiyah () était réputé pour ses qualités de stratège, sa vision à long terme et ses compétences avancées pour diriger les affaires de l’état. Il entreprit nombre de belles œuvres dont une des plus importantes restera l’organisation de la Poste, qui permettra d’accélérer la transmission des informations entre lui et les autres régions.
Sur le plan des conquêtes, l’effort sur le terrain oriental se cantonnera à maîtriser quelques mouvements de rébellion. Mais, la plus grande part des efforts de Mucâwiyah () se tournera vers le nord-ouest où se trouvait Byzance. Sur ce front, les Musulmans concrétisèrent de nombreuses victoires aussi bien terrestres que maritimes.
Sur mer, la flotte musulmane conquit l’île de Chypre et celle de Rhodes en Mer Méditerranée, de même que quelques îles grecques.
Sur terre, Mucâwiyah coordonna des campagnes guerrières contre les Byzantins en été comme hiver. C’est pour cela qu’elles furent appelées les estivales (« Sawâ’if ») et les hivernales (« Shawâtî »).
En l’an 48 H., il envoya une grande armée et une immense flotte attaquer Constantinople, capitale de l’Empire byzantin. Les Musulmans la prendront d’assaut et infligeront aux Byzantins de lourdes pertes, sans toutefois parvenir à la prendre définitivement.
Parmi les plus importantes conquêtes de l’ère Mucâwiyah (), on retrouve celle menée par le chef cUqbah Ibn Nâfic (). En effet, ce dernier conquit la Tunisie alors que le mouvement d’expansion s’était arrêté à l’époque des Califes bien guidés aux frontières de Barqah (Libye). Là-bas, il édifia la ville de Kairouan et de nombreux  berbères entrèrent dans l’Islam.
Finalement, au mois de Rajab de l’an 60 de l’Hégire, à l’âge de 78 ans, Mucâwiyah décéda. Qu’Allah agrée son âme.

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CABDULMALIK IBN MARWAN ()
Après la mort de Mucâwiyah (), son fils Yazîd prit le pouvoir. Sous son règne, la dynastie Umayyade se trouva confrontée à plusieurs facteurs de faiblesse au point qu’elle faillit chuter si ce n’eut été les efforts fournis par Marwân Ibn Al-Hakam – le cousin paternel de Mucâwiyah – qui s’emploiera jusqu’à sa mort en 65 à redresser la dynastie, léguant ensuite le pouvoir à son fils cAbdulmalik.
cAbdulmalik () vit le jour en l’an 26 de l’Hégire. C’est un Tâbicî (NdR : membre de la génération qui succède à celle des compagnons) qui comptait parmi les savants de Médine. Il avait comme principales qualités : la fermeté, la détermination et la persévérance. Quand il accéda au pouvoir, la situation de l’Etat islamique était très morcelée, le monde musulman était en effet coupé en deux :
- D’un côté, les habitants du Hijâz (NdR : région qui comprend La Mecque et Médine) et de l’Iraq avec à leur tête cAbdullah Ibn Az-Zubayr.
- De l’autre, les habitants du Shâm et de l’Egypte sous la coupe de cAbdulmalik Ibn Marwan.
Ce dernier fit face à la situation avec fermeté et force jusqu’à éteindre le mouvement d’Ibn Az-Zubayr en l’an 73 au Hijâz. En outre, cAbdulmalik réussit en Iraq à prendre le dessus sur les troubles provoqués par Mukhtâr Ath-Thaqafî, tout comme il resserra l’étau sur les Kharijites en leur infligeant de nombreuses défaites.
La part de conquêtes sous l’ère cAbdulmalik ne fut pas très prolifique, tant en Orient que contre les Byzantins en Occident. La raison à cela est que le calife cAbdulmalik a passé la plupart de son temps et de ses efforts à résoudre les troubles intérieurs. Cependant dans les dernières années de son règne, il réinstaura les campagnes estivales et les hivernales (mises en place par Mucâwiyah) et conquit Césarée (en Palestine), Qâlîqlâ (en Arménie) et Mopsueste (en Turquie).
Finalement, au milieu de Shawwâl de l’an 86 H. (octobre 705) cAbdulmalik () quitte ce monde après un règne qui avait duré vingt et un ans.

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AL-WALID IBN CABDILMALIK ()
A la mort de cAbdulmalik, son fils ainé Al-Walîd prit sa succession. Son règne s’est distingué par le grand nombre de conquêtes, au point qu’elle sera surnommée « le régime des grandes conquêtes ». Des conquêtes qui se feront dans quatre directions :
- Vers la Transoxiane et l’Asie Centrale, où le commandant était Qutaybah Ibn Muslim Al-Bâhilî, qui conquit les villes de Balakh, de Bukhârâ et de Samarcande. En 96 de l’Hégire, la ville de Kachgar , aux confins de la Chine, tomba entre les mains des Musulmans, ce qui força l’empereur de Chine  à payer l’impôt de capitation (« jizyah »).
- Vers l’Inde et le Pakistan, où le commandant était Muhammad Ibn Al-Qâsim Ath-Thaqafî (). Sur ce front, la ville de Debal (aujourd’hui Karachi) fut conquise et Muhammad Ibn Al-Qâsim ira de victoire en victoire jusqu’à conquérir tout le Pakistan, il ne s’arrêtera qu’aux frontières de l’Inde.
- L’Andalousie où, sous le commandement de Tarik Ibn Ziyâd () et Mûsâ Ibn Nusayr () fut achevée la conquête de la majorité de la Péninsule Ibérique dite Andalousie Musulmane (qui comprend l’Espagne actuelle et une partie du Portugal).
- L’Asie Mineure (la Turquie actuelle) où Maslamah Ibn cAbdulmalik () réussit à s’emparer de nombreuses bases et forteresses qui étaient autrefois sous autorité byzantine.
Avec toutes ces conquêtes, le régime musulman atteindra son apogée. Ses frontières orientales atteindront ainsi la Chine et celles occidentales, le sud de la France. Aussi, cette expansion permettra à l’Islam de se propager. Ceci nous montre que l’étendue de l’état islamique à la fin de l’ère d’Al-Walîd () était devenue beaucoup plus grande que celle de la fin du règne de son père.

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CUMAR IBN CABDILCAZIZ ()
Au mois de Safar de l’an 99, cUmar Ibn cAbdilcAzîz Ibn Marwân () devint calife et le restera jusqu’à sa mort au mois de Rajab de l’an 101.
Son califat dura donc à peu près deux ans et demi. Une courte période qui se distingue par le retour dans la manière de juger des Umayyades à la justice, l’impartialité et l’application scrupuleuse des règles islamiques des Califes biens-guidés. cUmar s’était rendu compte que ses prédécesseurs umayyades s’étaient fortement éloignés dans leur façon de juger de la voie et des principes adoptés par le Messager () et ses califes bien-guidés ().
Le Calife qui aura le plus d’influence sur lui sera cUmar Ibn Al-Khattâb (). Et si bien qu’il s’efforcera d’imiter tous les Califes biens guidés, il le fera particulièrement avec cUmar Ibn Al-Khattâb.
Et comme charité bien ordonnée commence par soi-même, cUmar commença par lui-même ainsi que par sa famille. Il se débarrassa de l’apparat que ses prédécesseurs parmi les califes avaient l’habitude de porter, et se vêtit de vêtements sobres. Il se contenta au palais royal du strict nécessaire pour administrer les affaires de l’état. Puis il reprit de sa femme les bijoux et les habits de luxe puis les déposa au Trésor Public. Il en fit de même avec ses enfants.
Toujours dans cet esprit de justice, cUmar annula les taxes qu’Al-Hajjâj Ibn Yûsuf  Ath-Thaqafî avait inventées en Iraq. Il répara les injustices commises par les Umayyades en rendant chaque bien à son ayant-droit. Ces derniers, qui possédaient injustement ces biens, s’offusquèrent de ces décisions, mais cUmar ne revint pas dessus.
Grâce à cette politique menée par cUmar Ibn cAbdilcAzîz, beaucoup de gens, parmi lesquels quelques rois du Pakistan et de nombreux berbères, entrèrent dans l’Islam. Il n’est donc pas surprenant que l’histoire a retenu les qualités de cUmar Ibn cAbdilcAzîz et qu’il ait été surnommé « le cinquième calife bien-guidé ».

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QUELQUES SIGNES DE CIVILISATION
La dynastie Umayyade a posé les jalons du développement économique de la civilisation.
On mettra notamment à l’actif de Mucawiyah Ibn Abî Sufyân (), l’organisation de la Poste. Celui-ci segmenta les chemins en plusieurs étapes, on plaça à chaque étape des chevaux prêts à porter les courriers venant de la précédente étape pour les acheminer à la prochaine, ce qui eut pour bénéfice d’accélérer l’arrivée des informations des régions à la capitale. On retiendra également de Mucawiyah () qu’il a instauré l’office de certification des courriers. C’est un bureau où les lettres étaient cachetées de sorte à s’assurer qu’elles n’aient pas été ouvertes ou falsifiées.

Quant à cAbdulmalik Ibn Marwân (), l’histoire de la civilisation lui saura gré d’avoir été le premier à ordonner que soient frappés les dinars et les dirhams islamiques alors qu’auparavant, on utilisait les monnaies perse et byzantine. Cet acte est considéré comme un signe fondamental de l’indépendance financière de l’Etat islamique.
On retiendra également de cAbdulmalik qu’il ordonna de traduire le code d’administration assyrienne en arabe alors qu’auparavant, tout était en latin. Ceci fut le signe de l’indépendance administrative et organisationnelle du régime musulman.
La faiblesse de la majorité des califes qui viendront après cUmar Ibn cAbdilcAzîz ainsi que les divisions entre les chefs umayyades conduiront au déclin de la dynastie. Dans le même temps, un mouvement rival, celui des Abbassides, se développait et grandissait en force. La dynastie umayyade tombera finalement en l’an 132 de l’Hégire (en l’an 750 ap. J-C).


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Les cAbbassides

L’an 132 de l’hégire (750 ap. J-C) vit l’avènement d’une nouvelle dynastie, celle des cAbbassides dont la lignée remonte à Al-cAbbâs Ibn cAbdil- Muttalib, l’oncle du Messager (). Cette dynastie perdurera plus de cinq siècles, de l’an 132 à l’an 656 (750 – 1258).
Trente-sept califes se succéderont à la tête du califat cabbasside qui passera par quatre phases :
L’ère première, puis l’époque turque puis le régime bouyide, et enfin l’ère seldjoukide. Les califes cabbassides les plus importants sont sans conteste Abû Jacfar Al-Mansûr () et Hârûn Ar-Rashîd ().

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ABU JACFAR AL-MANSUR ()
Considéré comme le véritable fondateur de la dynastie, Al-Mansûr devient calife en l’an 136 de l’Hégire (754 ap. J-C.) environ à l’âge de quarante ans. Son califat dura environ vingt-deux ans. 
Ses principales caractéristiques étaient la prudence, la lucidité, le génie stratégique, et la gestion économique des finances. L’histoire retiendra d’Abou Jacfar qu’il a réussi avec talent et brio à diriger le califat cabbasside dans une période difficile, où les révoltes et les troubles furent nombreux.
Sur le plan des conquêtes, les forces islamiques parviendront sous l’ère Al-Mansûr à conquérir la région du Tabaristan, qui deviendra une région à part entière de l’Empire musulman, dans laquelle l’Islam se propagera.
Sur le plan intérieur, une des actions les plus importantes réalisées par Abû Jacfar sera l’édification de la ville de Baghdâd, qui deviendra la capitale du régime cabbasside, ainsi que la cité la plus importante du monde musulman de cette époque.
 Finalement, en l’an 158 de l’hégire, Al-Mansûr mourut (). Il laissera un état cabbasside puissant, doté de fondations solides et d’une brillante économie. Il y avait dans les caisses de l’Etat, à sa mort, la richesse la plus importante jamais laissée par un calife cabbasside. Il y avait, en effet, à peu près 70 millions de dirhams.

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HARUN AR-RASHID ()
Considéré comme le plus illustre calife de la dynastie cabbasside, Hârûn Ibn Muhammad Al-Mahdî, le petit-fils d’Abû Jacfar Al-Mansûr, devint calife au mois de Rabîc Al-Awwal de l’an 170 de l’Hégire et le restera jusqu’à ce que la mort l’emporte en l’an 193.
Il règnera vingt-trois ans à la tête de l’Etat. Hârûn Ar-Rashîd représente, tant sur le plan de la puissance que sur celui du développement, l’apogée de la dynastie cabbasside.
Sur le plan intérieur, il réussit à repousser les dangers qui menaçaient la dynastie, qui étaient du même ordre que ceux qui menaçaient la dynastie à l’époque de son grand-père Al-Mansûr. En effet, les cAlaouites s’étaient activés contre les cAbbassides et se révoltèrent mais Hârûn Ar-Rashîd sortira vainqueur de la confrontation. De plus, il affaiblira les Kharijites.
Sur le plan extérieur, l’histoire retiendra qu’il accula les Byzantins et conquit nombre de leurs bases. Parmi ses victoires les plus importantes, la prise en 188 d’Héraclès (dans l’actuelle Turquie) et la soumission de Byzance, qui acceptera de payer le tribut de capitation « Jizyah » au calife cabbasside.
De plus, sous l’impulsion de Hârûn Ar-Rashîd,  le mouvement scientifique s’activa dans divers domaines. La ville de Baghdâd devint alors le pôle d’attraction des savants, poètes, et de toute personne désirant approfondir ses connaissances.
Il y avait les plus grands savants du hadith, les plus grand récitateurs de Coran, des jurisconsultes, des grammairiens, des érudits de l’arabe, des poètes, des hommes de lettres. Les cours se déroulaient dans les mosquées qui faisaient également office d’école et d’université.
Finalement, en l’an 193 de l’Hégire (808 ap. J-C.), Hârûn Ar-Rashîd () s’éteignit dans la ville de Tûs après un long califat qu’il passa sans relâche à tenter d’élever l’Islam et les Musulmans. Il avait alors quarante-sept ans.

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LE RAYONNEMENT DU MOUVEMENT SCIENTIFIQUE SOUS L’ERE CABBASSIDE
Sous la dynastie cabbasside, et grâce à l’impulsion donnée  par ses califes tels que Hârûn Ar-Rashîd et son fils le calife Al-Ma’mûn, le mouvement scientifique et culturel musulman prit son essor. La période d’Al-Ma’mûn (de 198 à 218 H.) représente l’apogée de l’activité scientifique.
Et pour cause, Al-Ma’mûn () était un savant qui aimait la science et ses adeptes. De plus, l’abondance dont jouissait l’état cabbasside, encouragea beaucoup de gens à participer à ce mouvement scientifique. C’est ainsi que Baghdâd et d’autres villes devinrent des centres de rayonnements de la science, de la culture et de la civilisation.
C’est d’ailleurs à l’époque des cAbbassides qu’une nouvelle discipline fit son apparition, la science de l’exégèse (« Tafsîr »). D’illustres exégètes tels  qu’At-Tabarî, Az-Zamakhsharî et An-Nasafî s’y distinguèrent.
C’est également à cette époque qu’apparurent, dans la science du hadith, des hommes exceptionnels comme Al-Bukhârî et Mouslim. C’est également à cette époque que les quatre écoles de jurisprudence bien connues virent le jour et se développèrent.
En grammaire, deux écoles émergèrent, l’école de Basrah et celle de Kûfâ. La rivalité entre ces deux écoles conduira à l’épanouissement de cette discipline et à sa réglementation.
La littérature arabe aura également une belle part dans la renaissance scientifique, et de grands hommes de lettres tel qu’Al-Jâhizh et Ibn Al-Muqaffac s’illustreront.
En outre, d’excellents poètes se distingueront parmi lesquels : Abou Al-cAtâhyah, Abû Tammâm et Al-Buhturî.
Ce réveil scientifique ne sera pas cantonné aux domaines précédents mais s’étendra pour englober toutes les sciences. La raison de cet essor scientifique sera le contact des Musulmans avec les autres peuples, comme les Perses, les Grecs et les Indiens. Et dans ce cadre, plusieurs ouvrages anciens dans des disciplines aussi variées que la chimie, la médecine, l’astronomie, l’algèbre, l’ingénierie, la philosophie etc.,  seront traduits.
Les Arabes et les Musulmans ont digéré les sciences des autres peuples et en ont emprunté ce qui correspondait à leur personnalité musulmane. Le mouvement scientifique se développera et nombre de savants musulmans émergeront dans différentes sciences.

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L’ERE BOUYIDE
Au début du quatrième siècle de l’Hégire, les califes cabbassides avaient considérablement faibli.
Aussi, en l’an 334, le chef cAbdullah Ahmad Ibn Buwayh Ad-Daylamî prit le contrôle de Baghdâd et même de tout l’Iraq et y établit un pouvoir fondé sur l’hérédité de la famille Bouyide. Cette période sera connue dans l’Histoire comme l’ère bouyide ou buwayhide.
Les califes cabbassides, malgré la différence d’école de pensée, n’eurent d’autre choix que d’accepter leur mainmise. En effet, les Bouyides étaient des chiites (zaydites) alors que la majorité du peuple ainsi que les cAbbassides eux-mêmes étaient Sunnites.
Les Bouyides jouirent de toutes les prérogatives du pouvoir et exercèrent toutes les attributions de l’autorité. Absolument toutes les affaires politiques, économiques et militaires étaient entre leurs mains. Quant aux califes cabbassides, leur autorité s’affaiblit et se cantonna aux aspects formels et officiels, comme le fait qu’on fasse des invocations en leur faveur sur les minbars le vendredi ou encore de graver leur nom sur la monnaie.
L’autorité des Bouyides cessera en l’an 447 de l’Hégire (elle avait duré 113 ans), quand le général seldjoukide Toghrul Bay, qui gouvernait la ville de Ray (dans la province de l’actuelle Téhéran), parvint à pénétrer dans Baghdâd après que le calife abbasside l’avait appelé à l’aide. Cette entrée fut le signe de permission pour les gouverneurs seldjoukides de contrôler les califes cabbassides. Cette ère durera à peu près un siècle et demi.

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L’ERE SELDJOUKIDE
Alp Arslan fait partie des plus illustres gouverneurs seldjoukides. Il infligea aux Byzantins une cuisante défaite à la bataille de Malazgirt (ou Manzikert) à la fin de l’an 463 H. Son état étendit son autorité sur une vaste région des terres chrétiennes d’Orient.
Quand Alp Arslan mourut () en l’an 465 de l’Hégire, son fils, Malik Shâh Ier accéda au pouvoir. Le régime d’Arslan avait duré une vingtaine d’années environ et son règne est considéré comme l’apogée de l’ère seldjoukide en raison des nombreuses conquêtes qui furent achevées pendant cette période en terres byzantines, au point qu’il imposa un tribut annuel aux empereurs byzantins.
On retiendra à son actif, sa désignation comme vizir d’un homme savant et aimant les savants, politicien chevronné, bon administrateur et très compétent. Cet homme n’était autre que le Vizir de renom Nizhâm Al-Mulk ().
C’est à cet illustre ministre que l’on doit les fameuses écoles An-Nizhâmiyah. La première de ces écoles fut édifiée à Baghdâd en 458 H., puis elles se répandirent dans bien des centres de civilisation islamique. Ces écoles se développèrent par la suite pour devenir des sortes d’universités et de centres de recherche et d’innovation.
Parmi les savants de renom qui enseignèrent à cette école, on retrouve l’imam Al-Ghazâlî ().
Le pouvoir seldjoukide perdurera à Baghdâd jusqu’en 590 de l’Hégire.

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L’ERE ANDALOUSE
Alors que la dynastie abbasside s’était formée en Orient musulman et avait choisi Baghdâd pour capitale, une autre dynastie musulmane était apparue (ou plutôt réapparue) à l’extrême Occident islamique, celle des Umayyades d’Andalousie, qui avait pris pour capitale la ville de Cordoue (« Qurtubah »).
Après l’effondrement de la dynastie umayyade au profit des cAbbassides, cAbdurrahmân Ibn Mucâwiyah Ibn Hishâm Ibn cAbdilmalik (qui sera connu sous le nom de cAbdurrahmân Ier ;  cAbdurrahmân l’Exilé ou encore le Faucon de Quraysh) fuit la répression cabbasside et entre en Andalousie.
Là-bas, il parvient en 138 de l’Hégire à édifier un nouvel état Umayyade qui perdurera jusqu’en 422 H. Plusieurs chefs se succéderont au pouvoir, le plus illustre étant sans conteste cAbdurrahmân An-Nâsir qui s’autoproclamera calife.

An-Nâsir gouvernera cinquante ans, de l’an 300 H. à l’an 350 H. Sa renommée est due à ses actes grandioses parmi lesquels :
- Le contrôle des révoltes qui s’étaient répandues dans toute l’Andalousie avant son accession au pouvoir. Il restaurera l’unité et la force à l’Andalousie musulmane.
- Le combat mené au Nord contre les Chrétiens, grâce auquel An-Nâsir concrétisera un grand nombre de victoires contre les ennemis de l’Islam.
A côté de ces grandes actions politiques, An-Nâsir fera de l’Andalousie un pays d’une civilisation de rang mondial. En effet, Cordoue rivalise à son époque, et même avant lui, avec Baghdâd dans la renommée scientifique.
C’est en effet à Cordoue et en Andalousie de manière générale, que toutes les branches du savoir fleuriront et qu’un grand nombre de savants se distingueront. Nous citerons à titre d’exemple, Yahyâ Al-Laythî qui était jurisconsulte et savant du hadith, un ingénieur innovant et un grand théoricien en la personne de cAbbâs Ibn Firnâs ; et Ibn cAbdi-Rabbih, l’auteur du livre « Al-cIqd Al-Farîd ».
Néanmoins, la dynastie Umayyade tombera en 422 H. et l’Andalousie connaîtra plusieurs autres régimes, notamment celui des Murâbitîn et celui des Muwahhidîn. Avec la chute de ces derniers en 674 H., la présence islamique en Andalousie déclinera jusqu’à se réduire au sud de la péninsule ibérique à l’Etat des Banû Al-Ahmar, qui y gouvernait et avait pris comme capitale la ville de Grenade (« Gharnâtah »). Ils luttaient pour demeurer le plus longtemps possible.
Finalement, sous les coups des Francs et des autres Chrétiens, Grenade tomba en 897 H., entrainant la fin de la présence islamique en Andalousie, présence qui s’était étalée sur près de huit siècles dans cette partie de l’Europe.
Les causes de la fin du pouvoir musulman en Andalousie furent : le penchant des Musulmans vers le luxe et le fait qu’ils aient délaissé le combat ; la faiblesse de l’esprit islamique ; la division des Musulmans et la rivalité de leurs gouverneurs pour le pouvoir ; le grand nombre et la force des Francs.

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Les croisades

A la fin du cinquième siècle de l’Hégire, le monde musulman était en proie à des dissensions, et un profond antagonisme s’était installé entre les chefs musulmans, ce qui affaiblit l’Etat islamique et le morcela.
Chacune de ses régions, notamment le Shâm et l’Iraq, était devenue un petit état indépendant, rivalisant avec les autres. Profitant de cette situation favorable, les Chrétiens fanatiques d’Europe occidentale, prétextant libérer les lieux saints en Palestine de la domination musulmane,  se dressèrent, sous la bannière du crucifix (symbole du christianisme) et envahirent le Shâm.
En réalité, leurs motivations étaient plus politiques et économiques que religieuses. Sur le plan politique, il s’agissait d’édifier des colonies au Moyen-Orient sous tutelle européenne. Et sur le plan économique, il s’agissait de fuir la pauvreté qui sévissait dans leurs terres en mettant ainsi la main sur les richesses de cette région.

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LES CAMPAGNES DES CROISADES
On estime la date du début des croisades à l’an 490 de l’Hégire. Ces guerres prirent la forme de nombreuses expéditions militaires (plus de sept au total).
Dès la première expédition, les Croisés parvinrent  à envahir une grande partie du Shâm, à expulser ses habitants et à coloniser Jérusalem où ils égorgèrent tellement de gens qu’ils avaient les pieds trempés dans le sang des victimes qui coulait dans les rues.
Ils établirent des colonies et des tutelles à Jérusalem, Tripoli (au Liban), Antioche et Edesse. Pour faire face aux envahisseurs croisés, le mouvement de la Guerre Sainte (« Jihâd ») prit de l’ampleur. Un Jihad dont l’étendard sera brandi au cours des deux siècles de croisades, par nombre de généraux musulmans dont les plus illustres sont Salâhuddîn et Azh-Zhâhir Baybars.

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SALAHUDDIN AL-AYYUBI DIT « SALADIN » ()
Né à Tikrît en 532 H. (1138 ap. J-C), An-Nâsir Salâhuddîn Al-Ayyûbî  grandit à Mossoul sous les auspices du sultan local, cImâduddîn Zankî.
Puis il alla faire ses classes au Shâm, sous les auspices de Nûruddîn Zankî, le fils de cImâduddîn. Plus tard dans sa jeunesse, Salâhuddîn se rendit en Egypte fâtimide pour aider son oncle paternel Asaduddîn Shirkuh, qui était l’envoyé du sultan Nûruddîn Mahmûd. Celui-ci l’avait nommé à la tête d’une armée pour s’emparer de l’Egypte, punissant la faiblesse ses dirigeants qui d’ailleurs prêtaient allégeance aux Croisés.
Ne faisant pas le poids face aux combattants du Shâm, l’Egypte devint en 564H. , un vassal de l’état de Nûruddîn, et Salâhuddîn devint son subordonné là-bas. Après la mort de Nûruddîn, Salâhuddîn devint seul maître de l’Egypte et rattacha celle-ci au Shâm pour les unifier. Le nouvel état fut surnommé l’état ayyoubide en référence à Salâhuddîn Al-Ayyûbî.
La bataille la plus importante que livrera Saladin contre les Croisés en Palestine sera celle de Hittîn (Hattin) qui se déroula le mois de Rabîc Al-Âkhir en l’an 583 H. (juillet 1187 ap. J-C.).
Les forces chrétiennes furent, au cours de cette bataille, complètement anéanties et Salâhuddîn put, au mois de Rajab de la même année, libérer la Ville bénie ainsi que les autres villes de Palestine.

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AZH-ZHAHIR BAYBARS ()
Bien moins connu que Salâhuddîn, Azh-Zhâhir Baybars est le sultan de l’état Mamelouk qui fut créé en Egypte, suite à l’affaiblissement des Ayyûbides.
Dès l’an 658 H., il mena la guerre sainte contre les Croisés et réussit considérablement à les affaiblir en Palestine. Sa plus grande victoire eut lieu au mois de Ramadan de l’an 666 de l’Hégire. En ce mois béni, les combattants (« mujâhidîn ») musulmans, sous le commandement de Baybars, infligèrent à Antioche une défaite fatale aux Croisés, qui plus jamais dans l’histoire ne furent en mesure de la reprendre.
En l’an 688, le sultan Qalâwûn (dit Qala’un) libéra, toujours des mains des Croisés, Tripoli (dans l’actuel nord du Liban) et deux ans après, sous le commandement d’Al-Ashraf Khâlid Ibn Qalâwûn, les Mamelouks libérèrent Saint-Jean d’Acres. Avec la chute de cette dernière, la dernière trace des Croisés en Palestine s’effaça après une occupation des pays musulmans qui avait duré deux siècles.
Si les Croisés ont pu conquérir puis coloniser pendant deux siècles le Shâm musulman, c’est d’une part, parce que la spiritualité de l’Islam avait faibli chez les Musulmans et d’autre part, à cause de leurs divergences et de leur désunion. Quand cet esprit islamique revint et qu’ils s’unirent de nouveau et combattirent, ils remportèrent la victoire et se libérèrent.

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Les mongols et le monde musulman

L’OFFENSIVE MONGOLE SUR LE MONDE MUSULMAN
Au début du septième siècle de l’Hégire (le treizième de l’ère chrétienne), les Mongols créèrent leur propre état dans la Chine et le Turkestan oriental voisin du monde musulman.
Puis, à partir de l’an 616 de l’Hégire (1220 ap. J-C.), ils se mirent à progresser, venant de l’Est, vers les pays musulmans. La divergence des Musulmans de cette époque, permit aux Mongols sous les ordres de Gengis Khan, de réaliser nombre de victoires successives et de détruire, les unes après les autres, les prospères et florissantes cités musulmanes.
Après la mort de Gengis Khân en 622 H., les Mongols poursuivirent leur poussée vers l’Ouest faisant tomber tous les Etats musulmans sur leur passage. Au début de l’année 656 H.,  ils entrèrent dans Baghdâd commandés par Houlagou Khân. Ils mirent la capitale cabbasside à feu et à sang, et exécutèrent le calife de l’époque Al-Muctasim Billah (), ce qui mit fin à un califat cabbasside qui avait duré plus de cinq siècles.

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LA BATAILLE DE CAYN JALUT
Un an après la chute de Baghdad, les Mongols se rendirent maîtres de la région de l’Euphrate (la Mésopotamie). De là, ils s’étendirent vers le Nord de la Syrie, y prirent le contrôle et occupèrent Damas.
A cette époque, l’Egypte était gouvernée par les Mamelouks. Le sultan mamelouk Al-Muzhaffar Qutuz, contrairement à la majorité des souverains de l’époque, refusa de se soumettre aux Mongols.
Et plutôt que d’attendre pour se défendre, il prit le commandement de ses hommes et marcha vers la Palestine à la rencontre des envahisseurs mongols. Le vendredi 25 du mois de Ramadan de l’an 658 de l’Hégire (1260 ap. J-C.), une bataille d’une rare violence éclata entre Musulmans et Mongols à cAyn Jâlût (près de la ville de Naplouse). Cette bataille se conclut par une magnifique victoire des Mamlouks et une écrasante défaite pour les Mongols. Cette défaite, une première pour les Mongols, mettra un terme à une terrible avancée sur le monde musulman qui, pendant quarante ans, a tout détruit sur son passage.

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LA PROPAGATION DE L’ISLAM CHEZ LES MONGOLS
L’Etat mongol avait en son sein des individus chrétiens, juifs et également musulmans. Chaque adepte de sa religion, en particulier ceux qui siégeaient à la Cour mongole, s’activait à la répandre et à attirer les chefs mongols vers elle.
Le grand vainqueur de cette compétition prosélyte sera la religion musulmane. L’Islam se propagera au sein du peuple mongol et parmi ses chefs au point qu’au début du huitième siècle de l’Hégire, la religion musulmane l’emportera définitivement et les Mongols deviendront un peuple musulman, qui jouera un rôle fondamental dans la diffusion de l’Islam vers d’autres régions comme l’Inde et la Chine.

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مِنَ الْعَهْدِ الأُمَوِيِّ إِلَى مَجِيِء الْمُغُول
باللغة الفرنسية

ألّفها : جماعة من العلماء
-حفظهم الله-

ترجمة : عمر أبو عبد الله المغربي
مراجعة : قسم الترجمة الفرنسي لدار اﻹسلام

1435/2014

Les temps forts de l’histoire islamique (19-23) : Des grandes dynasties de l’Islam à l’arrivée des mongols

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