Ibeere

Le jugement portant sur l’infidélité d’une personne ne dépend pas de la croyance de celle-ci à la légalité de l’acte qui l’a rendue infidèle

Celui qui a insulté le Messager (bénédiction et salut soient sur lui) devient – il infidèle pour le seul fait de l’insulter ou faut – il en plus qu’il croit l’insulte légale ?
Idahun
Idahun

Louange à Allah

   Les compagnons, leurs successeurs immédiats et ceux des membres de la communauté sunnite qui les ont suivis sont tous d’avis que celui qui dit ou fait quelque chose qui exprime une infidélité claire devient infidèle, même s’il ne croit pas ce qu’il fait ou dit légal.

   Les détenteurs du savoir sont tous d’avis que l’infidélité peut s’exprimer par la négation, par le démenti et par l’abandon. Elle peut s’exprimer verbalement à travers l’insulte adressée à Allah et à son messager et à travers la ridiculisation de la religion  et de ses dispositions. Elle peut s’exprimer aussi par l’action comme la prosternation devant les idoles, le fait de tourner autour des tombes, le fait d’offrir des sacrifices au djinns et aux idoles…Elle peut aussi rêvétir une forme négative. Il s’agit, dans ce cas, de l’abandon total d’une action. Isaac ibn Rahouya et d’autres ont rapporté qu’un consensus s’était dégagé au sein des compagnons sur l’idée selon laquelle celui qui abandonne volontairement la prière devient mécréant.Il est cité dans le Sahih de Mouslim par la voie d’Ibn Djourayh d’après Abou Zoubayr al- Makki d’après Djabir que le prophète (bénédiction et salut soient sur lui) a dit : « Il suffit à l’homme d’abandonner la prière pour tomber dans la mécréance  et le polythéisme »

   Le terme « Kufr » précédé de l’article défini (al) désigne la mécréance majeure. Cependant une divergence de vue a opposé les maîtres des écoles juridiques à propos de la mécréance de celui qui abandonne la prière. Certains soutiennent qu’il ne devient mécréant que quand il en nie le caractère obligatoire. D’autres soutiennent qu’il devient absolument mécréant (pour le seul fait de cesser de pratiquer la prière) à cause du consensus qui s’est dégagé sur la question au sein des Compagnons. Mais il y eut encore entre ceux ci quelques divergences de vue à propos de la quantité qui justifie la mécréance. Un groupe  dit que l’abandon d’une seule prière jusqu’à la sortie de son heure entraîne la mécréance. D’autres disent que seul l’abandon total des prières entraîne cette conséquence.

  En somme, les membres de la communauté fidèle à la Sunna ne jugent pas quelqu’un mécréant pour le seul fait d’avoir commis un péché, quel qu’il soit, comme le font les Khawaridj et les Mutazihites.En effet, ceux ci jugent les auteurs de péchés mécréants et déclare  péché ce qui ne l’est pas et en tirent des conclusions impliquant des jugements de mécréance. Parfois ils imposent aux autres l’aboutissement de leur raisonnement. Cette démarche est fréquente chez les contemporains. Ils ne font pas la distinction entre les jugements généraux concernant une catégorie et ceux concernant une personne. Ils ne perçoivent pas non plus les subtilités existant dans les questions. Ils en arrivent à déclarer mécréant celui qui ne partage pas leurs déviations (doctrinales).

  Le Messager d’Allah (bénédiction et salut soient sur lui.) les a décrits en ces termes : « Ils tueront les musulmants et épargneront les idolâtres » (rapporté par Al Boukhari et Mouslim d’après un hadith d’Abou Said).

   Les partisans de la Sunna sont au juste milieu entre, d’une part les Khawaridj (extrêmistes) et, d’autre part, les Murdjiites (laxistes) :ils ne jugent les auteurs de péchés majeurs mécréants que dans la mesure ou ces derniers considèrent leurs actes comme légaux. Ils ne partagent pas l’opinion Murdjiite selon laquelle aucun péché ne saurait nuire au croyant tant qu’il aura la foi et que l’auteur d’un acte impliquant la mécréance ne devient mécréant que s’il considère son acte  comme légal. Cette opinion est fausse selon le livre, la Sunna et le consensus (des ulémas).Quiconque  insulte Allah ou Son Messager (bénédiction et salut soient sur lui) devient mécréant, qu’il juge son acte licite (ou pas).Le consensus établit sur cette question a été rapporté par Issac ibn Rahouya.Les Ulémas sont unanimes à soutenir que celui qui insulte Allah, le Puissant et Majestueux ou insulte Son Messager (bénédiction et salut soient sur lui.) ou rejette une partie de la révélation divine ou tue un prophète tout en déclarant qu’il croit à la révélation divine (dans l’ensemble) n’en est pas moins un mécréant

Allah le sait mieux.

 

Cheikh Soulayman al Alwan