À propos de l'article

Auteur :

عائشة ستاسي

Date :

Tue, Dec 16 2014

Catégorie :

Biographies & Histoire

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Abou Bakr, le véridique

Abou Bakr, le véridique

 

(partie 1 de 3) : Le premier

 

« Si j’avais eu à choisir qui que ce soit comme meilleur ami, j’aurais choisi Abou Bakr; mais c’est mon frère et mon compagnon. »[1]  Telles sont les paroles du prophète Mohammed (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui) au sujet de celui qui fut son compagnon le plus proche.  On avait donné à Abou Bakr le surnom d’as-Siddiq (le véridique).  Le terme arabe siddiq implique plus que l’absence de tromperie; il fait référence à une personne qui est dans un état constant de sincérité, qui reconnaît la vérité et qui y adhère.  Le terme implique également la sincérité envers soi-même, envers ceux qui nous entourent et, le plus important, envers Dieu.  Tel était Abou Bakr.

Le prophète Mohammed a démontré son amour et son respect profond pour Abou Bakr lorsqu’il a dit qu’il aurait aimé l’avoir comme meilleur ami.  Car en arabe, le terme utilisé pour meilleur ami, khalil, implique plus que de la simple amitié.  Il fait référence à une grande intimité et à un lien solide comme le roc, que rien ne peut rompre.  Le prophète Abraham était connu comme le khalil de Dieu et le prophète Mohammed réservait également ce terme pour décrire sa relation avec Dieu. Mais le lien qui l’unissait à Abou Bakr était très spécial.

Son histoire

Des hadiths et de l’histoire de l’islam, on apprend qu’Abou Bakr est né un peu plus de deux ans après le prophète Mohammed et qu’il est né, comme lui, au sein de la tribu de Qouraysh (mais d’un clan différent).  Sa famille était financièrement à l’aise et, à l’âge adulte, il devint un marchand prospère.  C’était un homme aimable et d’abord facile, qui jouissait d’un réseau social très étendu.

Il aimait beaucoup parler et discuter avec les gens autour de lui et il connaissait très bien la généalogie arabe.  Il connaissait le nom et l’emplacement de chaque tribu arabe et connaissait ses bons comme ses mauvais côtés.  C’est cette connaissance approfondie des peuples d’Arabie qui lui permit de créer des liens avec plusieurs d’entre eux et de jouir d’une grande influence sur la société mecquoise.

Quand le prophète Mohammed épousa sa première femme, Khadijah, lui et Abou Bakr devinrent voisins et se découvrirent de nombreux points en commun.  Tous deux étaient marchands et se faisaient un point d’honneur de procéder à leurs transactions commerciales avec la plus grande honnêteté et une intégrité irréprochable.

Ils se tenaient tous deux éloignés du vice et de la corruption qui prévalaient dans la société arabe préislamique et évitaient tous deux l’idolâtrie.  C’étaient des âmes sœurs et, entre eux, naquit une amitié qui allait durer jusqu’à leur mort.

Le premier

Abou Bakr as-Siddiq fut le premier homme à porter attention au message du prophète Mohammed et à embrasser l’islam (la toute première personne à embrasser l’islam fut Khadijah, l’épouse de Mohammed).  Lorsqu’il entendit Mohammed affirmer qu’il n’y a pas d’autre divinité méritant d’être adorée à part Dieu et qu’il était (lui, Mohammed) le messager de Dieu, Abou Bakr embrassa l’islam sans hésiter.  La grande majorité des gens qui découvrent l’islam ont un moment d’hésitation et de réflexion; mais pas Abou Bakr.  La douceur de la foi pénétra son cœur et, celui qui était connu comme « le véridique », reconnut la vérité immédiatement.

Au début, lorsque le message venait tout juste d’être révélé, c’est en secret que Mohammed invitait les gens, autour de lui, à embrasser l’islam.  Il savait que son message allait provoquer de vives réactions et un grand désarroi chez les Mecquois, qui étaient enlisés dans une profonde ignorance.  Il souhaitait d’abord établir un petit groupe de fidèles qui allaient, petit à petit, transmettre le message autour d’eux.  Lorsque les nouveaux musulmans furent au nombre de trente-huit, Abou Bakr confia à Mohammed qu’il souhaitait proclamer le message publiquement.

Mohammed refusa, jugeant leur nombre trop faible pour risquer une telle sortie publique.  Mais Abou Bakr n’eut de cesse d’insister, jusqu’au jour où Dieu ordonna à Mohammed de rendre public Son message.  C’est alors qu’Abou Bakr et lui se rendirent à la Ka’bah (la maison de Dieu, au centre de la Mecque).  Abou Bakr se leva, au milieu de la foule, et proclama, à voix haute : « Il n’y a pas d’autre divinité méritant d’être adorée à part Allah et Mohammed est Son serviteur et Son messager. »  Il fut ainsi le premier à parler d’islam ouvertement.

Lorsque le prophète Mohammed décéda, les musulmans furent terriblement dévastés et certains d’entre eux refusèrent même de reconnaître la vérité.  Bien qu’il fût lui-même accablé de chagrin, Abou Bakr sortit à l’extérieur et, après avoir loué Dieu, dit aux gens : « Quiconque adorait Mohammed, sachez que Mohammed est mort; mais quiconque adorait Dieu, sachez qu’Il est bien vivant et qu’Il ne meurt pas. »[2]  Puis il récita ces versets du Coran :

 « Certes, tu mourras (ô Mohammed) et ils mourront, eux aussi. » (Coran 39:30)

 « Mohammed n’est qu’un messager.  Avant sa venue, des messagers (comme lui) sont passés.  S’il mourait, donc, ou s’il était tué, feriez-vous marche arrière?  Celui qui se détourne (de l’islam) ne nuit point à Dieu.  Et Dieu récompensera ceux qui sont reconnaissants. » (Coran 3:144)

Lors de cette terrible épreuve, les musulmans en deuil choisirent Abou Bakr pour leader.  Il devint alors leur premier calife.

Le neveu du prophète Mohammed, Ali ibn Abou Talib, loua Abou Bakr pour avoir été le premier homme à embrasser l’islam et à accomplir de bonnes actions en étant musulman. [3]  Car en islam, la course aux bonnes actions est non seulement permise, mais encouragée.  Le prophète Mohammed a encouragé ses fidèles à se montrer indulgents dans les affaires de ce monde, mais à se faire concurrence, sainement, pour les bonnes actions menant au succès dans l’au-delà.  At-Tabarani, un historien musulman, a rapporté ainsi les paroles d’Ibn Abbas, un des proches compagnons du Prophète : « Abou Bakr (…) dépassait tous les compagnons du Prophète en piété et en vertu, en droiture et en ascétisme, et dans la confiance absolue qu’il avait en Dieu. »  Dans un autre hadith du Prophète, on apprend qu’Abou Bakr sera le premier à entrer au Paradis après les prophètes de Dieu.[4]  Le premier!

 


Footnotes:

[1] Sahih Al-Boukhari

[2] Sahih Al-Boukhari

[3] Ali ibn Abou Talib aux funérailles d’Abou Bakr.

[4] Abou Daoud.

(partie 2 de 3) : Nous sommes deux et Dieu est notre troisième compagnon

Moins de trois ans séparaient le prophète Mohammed (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui) de son proche ami.  Ils étaient tous deux nés au sein de la tribu de Qouraysh, mais dans des clans différents.  Mais tandis que Mohammed vivait dans une pauvreté relative, Abou Bakr, lui, venait d’une famille aisée.  Ils étaient tous deux dignes et calmes et jamais ils ne s’étaient, comme leurs semblables, livrés à l’idolâtrie.  Quand le prophète Mohammed reçut la mission de transmettre le message de Dieu à l’humanité, le premier homme vers qui il se tourna fut son ami Abou Bakr.  Sans aucune hésitation, celui-ci embrassa l’islam sur-le-champ et entama ainsi un parcours d’amour et de dévouement qui n’allait prendre fin qu’à sa mort.

Abou Bakr aimait profondément son ami et lorsque ce dernier lui dit que Dieu était unique, il accepta naturellement ce qu’il avait toujours cru au fond de lui.  ‘Aisha, la fille d’Abou Bakr, rapporta que de toute sa vie, son père ne s’était jamais prosterné devant une idole.  Abou Bakr lui-même relata qu’un jour, lorsqu’il était enfant, son père l’avait emmené dans un temple et l’avait laissé se promener parmi les statues.  Il avait alors regardé les statues inanimées et leur avait demandé ce qu’elles pouvaient bien faire pour lui.  Quand il vit qu’aucune ne répondait, il décida que jamais il n’adorerait quelque chose qui ne pouvait ni entendre ni voir.  Il avait compris que les statues et les idoles ne méritaient nullement l’adoration que leur vouaient les hommes.

Parce qu’il aimait Dieu et qu’il soutenait Son messager, Mohammed, Abou Bakr fut souvent persécuté et sévèrement battu, dans les premiers jours de l’islam.  La plupart des Mecquois ne pouvaient supporter d’entendre le message de Mohammed, qui les invitait à se réformer et qui les mettait en garde contre le Jour du Jugement.  Ils se considéraient comme les défenseurs de l’idolâtrie et les pèlerins qui venaient rendre visite aux idoles de la Mecque et de ses environs leur rapportaient beaucoup d’argent.  Ils savaient que si Mohammed réussissait à unir les gens dans l’adoration d’un Dieu unique, leur vie serait alors bouleversée et changée de manière irréversible.

La migration

À cause du mauvais traitement, de la torture et de la brutalité des Mecquois envers les nouveaux musulmans, Mohammed envoya plusieurs d’entre eux à l’extérieur de la Mecque pour leur propre protection.  La deuxième vague de migration se fit en direction de Yathrib, qui allait plus tard être renommée Médine.  Bien qu’on l’ait souvent vue comme une fuite, il s’agissait en réalité d’une migration soigneusement planifiée.  En effet, deux tribus de Yathrib avaient négocié un traité avec Mohammed et lui avaient offert leur loyauté et leur protection; mais à ce moment-là, le Prophète n’avait pas encore reçu la permission de Dieu de quitter la Mecque.  Il envoya cependant ses fidèles à Yathrib, mais par petits groupes, afin de ne pas éveiller les soupçons des Mecquois.

Un jour, dans la chaleur accablante du midi, le prophète Mohammed rendit visite à Abou Bakr.  Les rues de la Mecque étaient désertes et Abou Bakr comprit tout de suite que Mohammed avait quelque chose d’important à lui dire, car c’était l’heure de la sieste pour tout le monde.  Mohammed demanda à Abou Bakr d’éloigner les autres personnes de la maisonnée, car il souhaitait lui parler en privé.  Abou Bakr répondit : « Ils font partie de ta famille » et Mohammed lui révéla alors que Dieu venait de lui donner la permission de quitter la Mecque.  ‘Aisha relate que son père se mit à pleurer lorsqu’il apprit qu’il allait être le compagnon du Prophète durant tout le voyage.  C’était une occasion, pour lui, de passer dix jours, seul, avec son ami le plus cher, dix jours et dix nuits à apprendre de lui.  Il dit à Mohammed qu’il avait des chameaux déjà prêts à partir, car il avait lui aussi attendu avec impatience que cette permission soit octroyée.  Cette nuit-là, les deux amis sortirent par la porte arrière et se mirent en route, dans la nuit noire du désert.

Les recherches

Quand les Mecquois réalisèrent que Mohammed avait quitté la Mecque, alors qu’ils complotaient pour le tuer, ils devinrent fous de rage.  Des équipes de recherche se mirent immédiatement en route.  Même s’ils étaient à peu près certains que Mohammed se dirigeait vers Yathrib, ils envoyèrent des soldats dans toutes les directions.   Le prophète Mohammed et Abou Bakr passèrent trois jours cachés dans une grotte située au sud de la Mecque.

À un certain moment, une équipe de recherches passa si près de l’entrée de la grotte qu’Abou Bakr pouvait voir leurs souliers, au-dessus de lui.  La crainte l’envahit, non pas pour lui-même, car c’était un homme courageux, mais pour son précieux compagnon.  Il murmura : « Ô Messager de Dieu!  S’ils regardent vers le bas, ils vont nous voir! »  Mais Mohammed répondit: « Abou Bakr : que penses-tu de deux personnes dont Dieu est le troisième compagnon? »  C’est suite à cela que Dieu révéla le verset coranique suivant :

 « Si vous n’aidez pas (le Prophète), (alors sachez que) Dieu l’a déjà secouru quand les mécréants l’ont expulsé [après avoir expulsé  son compagnon].  Quand ils se retrouvèrent dans la grotte, il dit à son compagnon : « Ne t’afflige pas, car Dieu est avec nous. »  Dieu fit alors descendre sur lui Sa quiétude rassurante et l’assista de troupes (d’anges) invisibles à vos yeux.  Il rabaissa ainsi la parole des mécréants, tandis que Sa parole eut le dessus.  Et Dieu est Puissant et Sage. » (Coran 9:40)

Les Mecquois se tinrent à l’extérieur de la grotte, mais n’y pénétrèrent pas.  Une araignée avait tissé sa toile d’un bout à l’autre de l’entrée de la grotte, ce qui fit croire que personne n’y était entré depuis longtemps.  Abou Bakr comprit que la puissance de Dieu peut se manifester de manière tout à fait inattendue.  En effet, une petite araignée ayant tissé sa toile déjoua une puissante armée.  C’est ainsi que se déroula la migration de deux amis unis par leur affection pour la nation musulmane montante et fortifiés par leur amour pour Dieu, l’unique.

(partie 3 de 3) : Le protecteur

Abou Bakr était un homme très avisé.  Il était capable de discerner la vérité et la réalité d’une situation là où les autres n’y voyaient que confusion.  C’est pourquoi il fut facile, pour lui, de comprendre que l’islam était la vérité, mais il comprit aussi que les paroles de Mohammed allaient causer un profond déchirement au sein de la société mecquoise.  Les notables de la Mecque ne toléraient rien qui put mettre en péril leur situation économique ou leur mode de vie.  Abou Bakr savait que des temps difficiles les attendaient et considéra comme un devoir de protéger son compagnon, le prophète Mohammed.  Les deux amis se voyaient quotidiennement et leur amitié se solidifia davantage au fur et à mesure qu’augmentaient leur foi et leur compréhension de l’islam.  Trois années durant, l’islam demeura secret.  Les nouveaux musulmans prêchaient le message de l’islam à leurs amis et aux membres de leur famille en qui ils avaient confiance.  Puis, un jour, Dieu ordonna au Prophète de prêcher le message ouvertement.

Abou Bakr comprit que la situation allait s’envenimer dès que les notables de la Mecque découvriraient que de nombreuses personnes étaient devenues musulmanes.  Il savait que Mohammed aurait besoin de sa protection et, au fil des mois, il devint également le protecteur de plusieurs autres musulmans.  Devant le nombre grandissant de conversions à l’islam, les leaders de la Mecque entamèrent une campagne de persécution et de torture visant à tuer dans l’œuf ce phénomène naissant.  La plupart des hommes, des femmes et des enfants appartenant aux tribus de la Mecque jouissaient de la protection de leurs familles, mais les esclaves et les indigents étaient particulièrement vulnérables.

Ce sont les esclaves et les indigents qui montrèrent d’abord le plus d’intérêt pour le message de l’islam.  Lorsqu’ils entendirent parler d’égalité, de liberté et de la miséricorde de Dieu l’Unique, ils virent en ces paroles un espoir d’échapper à la brutalité de leur existence, en plus de trouver réconfort dans le pardon et l’amour de Dieu.  Ils apprirent, avec l’islam, que tous les hommes sont des serviteurs de Dieu et que Dieu peut guider et protéger tous les hommes et non seulement une élite.  Abou Bakr était un riche commerçant et fut en mesure d’apaiser les souffrances de plusieurs esclaves en les rachetant de leur maître et en leur rendant leur liberté.

Parmi les esclaves libérés par Abou Bakr, il y avait Bilal, destiné à devenir le premier muezzin de l’islam (celui qui fait l’appel à la prière du haut du minaret).  Lorsqu’il devint musulman, ses maîtres le torturèrent en l’obligeant à s’étendre sur le sable brûlant du désert et en plaçant d’énormes pierres sur sa poitrine.  Malgré cela, il refusa de renier sa nouvelle foi.  Quand Abou Bakr entendit parler de la situation dans laquelle se trouvait Bilal, il se précipita pour le racheter à ses maîtres.  En tout, Abou Bakr libéra huit esclaves, quatre hommes et quatre femmes.  Bien que le rachat des esclaves dans le but de les libérer ne fût pas une pratique étrangère à la société mecquoise, c’était normalement fait pour des raisons beaucoup moins altruistes.  En effet, une fois un esclave libéré, l’honneur l’obligeait à offrir sa protection à celui qui l’avait libéré et c’est pourquoi les riches Mecquois libéraient habituellement des esclaves qui étaient bien bâtis et en bonne santé.  Abou Bakr, quant à lui, libéra des esclaves par amour pour Dieu et non par intérêt personnel.

« Mais en sera très éloigné [du Feu de l’Enfer] le pieux qui donne de ses biens pour se purifier de ses péchés et auprès de qui personne ne profite d’une faveur intéressée si ce n’est le désir de plaire à son Seigneur, le Très-Haut.  Et certes, il sera bientôt satisfait. » (Coran 92:18-21)

Protéger son compagnon

Un jour, alors que le prophète Mohammed se trouvait dans la Kaaba (la Maison de Dieu), des Mecquois l’entourèrent, se mirent à le provoquer et à l’insulter, et ils en vinrent rapidement aux coups.  Quelqu’un vint dire à Abou Bakr que son ami avait besoin de son aide; alors il se précipita vers la Kaaba et s’interposa entre le Prophète et ses assaillants.  Il cria : « Tuerez-vous un homme parce qu’il affirme qu’Allah est son Seigneur? »[1]  Les Mecquois furent momentanément abasourdis, mais quelques secondes plus tard, ils fondirent sur Abou Bakr et le battirent si sévèrement que du sang se mit à couler de sa tête pour ensuite se figer dans ses cheveux.

Une autre fois, alors que le Prophète était en train de prier, un des membres de l’élite mecquoise lança un morceau de tissu autour de son cou et tenta de l’étrangler.  Même s’ils étaient entourés de gens qui voyaient bien ce qui se passait, aucun ne fut suffisamment courageux pour venir à la rescousse du Prophète.  Quand Abou Bakr arriva sur les lieux et vit la scène à laquelle tous assistaient sans broncher, il se précipita sur l’assaillant et lui fit lâcher prise.

Une histoire rapportée par Ali ibn Abou Talib démontre bien la réputation d’Abou Bakr en tant qu’homme discret qui ne fit jamais passer ses propres besoins avant ceux des autres et qui fut totalement dévoué à l’islam et à son messager, le prophète Mohammed.  À l’époque où Ali était le calife des musulmans, plusieurs années après la mort du Prophète et d’Abou Bakr, il prononça un sermon au cours duquel il demanda à ses auditeurs : « Qui est l’homme le plus courageux de l’islam? ».  Des gens, dans l’assemblée, répondirent : « Toi, ô leader des croyants! ».  Ali jouissait en effet d’une grande réputation de guerrier et de vaillant combattant.  Mais il regarda les hommes assis devant lui et dit : « Il est vrai que je n’ai jamais perdu face à un opposant, mais je ne suis pas le plus courageux.  Cet honneur revient à Abou Bakr. »

Ali poursuivit en racontant qu’au cours de la bataille de Badr, la première bataille qu’eut à livrer la nation musulmane, les musulmans refusèrent de laisser le prophète Mohammed se tenir aux premiers rangs et lui érigèrent un abri, à l’arrière.  On demanda alors des volontaires pour garder l’abri, mais personne ne s’avança à part Abou Bakr.  Le Prophète demeura un temps dans l’abri, priant pour la victoire des siens, tandis qu’Abou Bakr faisait les cent pas, son sabre dégainé, prêt à repousser toute menace contre son meilleur ami.

Plus tard, au cours de la bataille, le Prophète dirigea le bataillon central et Abou Bakr, le flanc droit.  Ils étaient les meilleurs amis, unis en toutes circonstances, en temps de paix et en temps de guerre.  Abou Bakr est l’exemple d’un homme courageux qui utilisa sa fortune, ses habiletés et sa force au service de l’islam et qui fut prêt à donner sa vie pour Dieu et pour protéger Son messager.

Paroles élogieuses

C’est Ali ibn Abou Talib qui prononça l’oraison funèbre d’Abou Bakr.  En voici des extraits :

« Tu l’as soutenu (i.e. Mohammed) quand tout le monde l’avait abandonné et tu l’as soutenu, sans relâche, dans toutes ses périodes difficiles, quand les autres lui avaient retiré leur soutien. »

« Tu possédais la voix la plus douce, mais la plus grande distinction.  Ta conversation était exemplaire et ton raisonnement, implacable.  Tes silences étaient longs, mais ton discours était fort éloquent.  Tu étais le plus brave des hommes, le mieux informé et chacun de tes gestes était empreint de dignité. »

Tel était Abou Bakr, le protecteur.

 


Footnotes:

[1] Sahih Al-Boukhari